Dans le monde complexe des relations humain-canin, savoir toucher son chien ou être capable de le manipuler joue un rôle crucial.
Attention, je ne vous parle pas de manipulation psychologique !!!
La manipulation corporelle est souvent sous-estimée en éducation canine.
En effet, il s’agit d’un processus subtil de communication et de compréhension mutuelle entre l’être humain et son fidèle compagnon à quatre pattes.
Dans cet article, nous explorerons les raisons pour lesquelles la manipulation est essentielle dans la formation et le bien-être du chien, comment elle contribue à renforcer le lien indéfectible qui unit l’humain d’attachement et son meilleur ami et comment manipuler son loulou.
Apprendre à manipuler son chien ? Quelle drôle d’idée !
Il est fréquent d’entendre des propriétaires affirmer que leur chiot « tolère les manipulations ».
Cependant, il est important de souligner que la tolérance aux manipulations physiques n’est pas automatiquement acquise chez le chiot.
Beaucoup pensent, à tort, qu’il accepte naturellement d’être tripoté.
Pourtant, ses premières expériences chez le toiletteur ou chez le vétérinaire peuvent se transformer en véritables épreuves de force, rendant les interactions futures bien plus difficiles.
Un apprentissage précoce et progressif à la maison, basé sur la confiance mutuelle, facilitera grandement les soins ultérieurs et contribuera à former un chien patient et coopératif.
Ainsi il est important de comprendre que les contacts physiques ne sont pas instinctifs pour le chiot une fois passés les premiers mois.
Certaines zones du corps, telles que le garrot, le dessus de la tête, les pattes et les oreilles, peuvent être particulièrement sensibles au toucher.
Bref, tester la sensibilité de votre chiot et adapter vos manipulations en conséquence, sans lui imposer de contraintes, est essentiel.
Liste des manipulations
- Regarder les dents, soulever les babines, ouvrir la bouche
- Tâter les pattes et les essuyer
- Palper les testicules
- Soulever la queue
- Le brosser et le peigner (même s’il n’en a pas besoin)
- Le porter
- Le soulever du sol de quelques centimètres comme si vous vouliez le mettre sur la table d’examen
- Le poser sur une table
- Retourner et pincer les pattes
- Bouger et nettoyer les oreilles
- Mettre un thermomètre dans l’anus
Comment passer du « tolérable » au « tout doux » ?
Enseignez à votre chien l’immobilité (reste, pas bouger, attends) et commencez à lui faire aimer :
- Les massages au niveau des oreilles
- Le soulèvement des oreilles
- L’inspection de l’intérieur des oreilles
Commencez toujours de manière tranquille, simple et progressive.
Procédez de la même manière pour les yeux.
Ensuite, si vous souhaitez qu’il ouvre la bouche, suivez ces étapes :
- Commencez progressivement : demandez-lui de s’asseoir et de rester immobile.
- Touchez ses babines, soulevez-les et positionnez un doigt entre ses dents sans pression, puis dites « ouvre la bouche ».
- Lorsqu’il ouvre doucement, félicitez-le avec un « c’est bien » et récompensez-le avec une friandise de grande valeur.
- Augmentez progressivement les critères, avec des séances courtes de 2 à 3 fois par semaine.
- Après une semaine ou deux, votre chien commencera probablement à ouvrir la bouche de lui-même lorsque vous lui direz « reste, ouvre la bouche ».
Quant à la manipulation des pattes, elle est plus simple que vous ne le pensez.
Voici quelques positions que vous pouvez lui apprendre :
- Donner la patte et maintenir cette position
- Se coucher sur le flanc en faisant le mort
- Se laisser manipuler les pattes arrière pour les sécher
Lors de chaque session d’entraînement, prenez le temps de vous poser tranquillement avec votre chien et assurez-vous de lui promettre des friandises de grande valeur que vous aurez soigneusement préparées.
Par ailleurs, le mot que vous choisirez pour qu’il reste immobile deviendra un signal pour lui, l’avertissant qu’il se passera quelque chose, ce qui lui permettra de se préparer tout en gardant le contrôle émotionnel.
Enfin, vous aspirez à offrir le meilleur à votre chien.
En entrant dans la clinique vétérinaire, vous remarquez peut-être son anxiété à l’idée d’y pénétrer.
Si vous avez déjà réussi à le manipuler correctement, c’est un pas dans la bonne direction.
La réduction du stress de l’animal durant son parcours de soin vétérinaire
Certains vétérinaires sont capables de remettre en question leurs pratiques et contribuent à l’évolution de leur profession.
Le 20 avril dernier, j’ai eu le bonheur d’assister à une conférence à l’ESAV (École Supérieure de l’Animal et du Vivant) Institut Bonaparte à Paris, animée par le Docteur Ciska Girault, présidente et co-fondatrice de PawLoVet.
Elle a abordé le sujet de la réduction du stress lors du parcours de soin de l’animal en clinique vétérinaire.
Bien que le public ciblé fût les professionnels de santé animale, nous étions quelques comportementalistes canins et félins à ouvrir grand nos yeux et nos oreilles.
PawLoVet propose aux vétérinaires et auxiliaires spécialisés vétérinaires des formations spécifiques autour des techniques des soins vétérinaires limitant le stress de l’animal.
Aussi lentes soient-elles, je suis satisfaite de ces avancées dans le domaine du bien-être animal.
En conclusion
N’attendez pas que les problèmes surgissent, préparez votre chien à y faire face.
En lui enseignant ces gestes, vous lui offrez un apprentissage précieux aux manipulations qui seront inévitablement réalisées par le vétérinaire.
D’autre part, votre chien sera prêt et votre vétérinaire reconnaissant de pouvoir soigner un loulou bien formé et coopératif.
Enfin, vous aurez sûrement remarqué que j’ai principalement évoqué le vétérinaire.
Mais qu’en est-il du toiletteur ?
C’est précisément ce que nous aborderons le mois prochain.
Christine Malenfant éducateur canin comportementaliste canin et félin