« Les chiens, qui ne savent rien, comprennent ce que nous disons, et nous qui savons tout, nous ne sommes pas encore parvenus à comprendre ce qu’ils disent ».
Octave Mirbeau (1848-1910)
Depuis la réflexion d’Octave Mirbeau, que de chemin parcouru !
Aujourd’hui, notre perception du chien a heureusement évolué, et le langage canin est désormais à notre portée.
Toutefois, il arrive encore souvent de croiser des personnes qui prêtent à leur loulou des émotions humaines.
Cet article vous aidera à mieux comprendre les émotions chez les chiens et à interpréter ce que votre compagnon à quatre pattes essaie vraiment de vous dire.
Parler chien
Premièrement, le chien « parle chien ».
Deuxièmement, l’humain « parle humain », c’est-à-dire qu’il utilise un mélange complexe de sons codés et de langage corporel.
Au risque d’en décevoir plus d’un, le chien ne parlera jamais « humain ».
Par conséquent, l’humain est obligé de « parler chien » ou, à tout le moins, de comprendre le langage du chien et de se faire comprendre de lui.
Comme votre loulou ne pratique pas la communication par le langage verbal, vous allez devoir prendre l’habitude de vous mettre à sa place.
La communication canine
Le fait de connaître le langage canin a notamment pour objectif d’ajuster votre attitude de sollicitation envers votre chien.
En effet, le grand danger des interprétations de l’animal, c’est l’anthropomorphisme qui nous fait poser à l’animal des questions qui concernent seulement les humains.
De toute façon, la communication entre l’humain et le chien, c’est tout un art… ou plutôt un grand mystère canin !
« Entre la communication et l’émotion, quelle différence ?
La communication du chien est non verbale et corporelle.
Elle demande de l’attention. Mais toutes ses communications ne sont pas volontaires.
Le chien n’est pas constamment dans la communication envers son environnement.
Il est aussi souvent dans l’émotion et il est enrichissant de savoir faire la différence.
Communiquer, c’est émettre un signal volontaire et conscient qui, dans la plupart des cas, provoquera une réponse.
L’émotion elle, est involontaire.
Elle s’impose au chien et provoque chez lui des manifestations physiologique, neurologique, comportementale et physique qui le trahiront”.
Audrey Ventura,
Comportementaliste canin et félin
Le chien, cet animal qui nous échappe
Je reviendrai sur la communication dans un prochain article.
Pour l’instant, concentrons-nous sur les émotions et la manière dont elles se manifestent.
Qu’est-ce qu’une émotion ?
Une émotion entraîne des réactions comportementales non modérées par le raisonnement.
Autant dire qu’elles viennent sans contrôle mental.
L’émotion chez le chien
Les émotions ne sont pas l’apanage de l’être humain.
En effet, on le sait maintenant, le chien est un être sensible et doué d’émotions.
Il aurait été surprenant qu’il en fût dénué alors qu’il possède le même système hormonal que nous.
En fait, votre chien ressent quatre émotions de base
En effet, le chien éprouve :
- joie
- colère
- peur
- tristesse
Ces quatre émotions fondamentales donnent trois stratégies d’action :
- Colère et joie : action proactive
- Peur : évitement de l’action
- Tristesse : inhibition de l’action
Et puis le loulou peut vivre ces émotions intensément :
- Intensité de la joie : l’euphorie
- Intensité de la colère : la fureur ou la rage
- Intensité de la peur : la panique
- Intensité de la tristesse : la détresse
Enfin, une étude japonaise a démontré qu’une émotion positive provoquait des larmes chez un non-humain, à savoir le chien.
Par ailleurs, étant parmi les plus sociales des espèces, nos loulous sont manifestement inquiets et attristés dans les moments difficiles de deuil.
Perte d’appétit, envie de jouer ou besoin accru d’attention, apathie, excès de sommeil sont quelques exemples de comportements qui vous permettent de conclure que votre toutou est triste.
Émotions et postures
C’est au cours de jeux, pendant la période de socialisation et la période juvénile, que le jeune chien répète les postures que produisent les adultes.
En ce qui nous concerne, il est impossible d’interpréter ou de donner une signification à une position ou un mouvement de queue et d’oreilles :
- hors du contexte de déclenchement et de maintien ou d’évolution du mouvement
- hors des postures qui sont produites pendant la scène de l’interaction.
C’est l’ensemble du répertoire qui prend sens.
Bref ! Il apparaît essentiel d’analyser l’ensemble de données d’une situation avant d’en tirer une conclusion quant au message transmis.
D’ailleurs la queue qui remue n’exprime pas forcément la joie mais parfois la vigilance accrue.
Par exemple, celle-ci peut accompagner les aboiements lors d’agressions au portail.
Des oreilles bien dressées expriment la vigilance, l’inquiétude ou l’affut.
En outre, des oreilles rabattues en arrière et une queue rentrée sous le ventre sont un signe de peur et accompagnent souvent une mydriase (dilatation pupillaire).
Sur le dos, les pattes en l’air, votre boule de poils exprime la confiance la plus totale et se sent autonome.
De ce fait, c’est la position du chien sûr de lui, qui a du tempérament et de la personnalité.
Contrairement aux humains, les chiens peuvent sans problème toucher leur nez avec leur langue : ils s’en servent donc parfois pour se lécher.
Aussi cela leur permet-il d’humidifier leur truffe, ce qui améliore leur odorat.
Pour autant, il n’est pas normal qu’un chien se lèche souvent le nez.
Le cas échéant, cela traduit généralement :
- un stress important, par exemple à l’occasion d’un déménagement, d’une visite chez le vétérinaire
- une tension ou un mal-être car le léchage de la truffe ou des babines fait partie des principaux signaux d’apaisement que les chiens émettent en cas de conflit ou de tension avec un congénère ou un humain
Toutefois le léchage de truffe n’est pas forcément très visible pour une personne peu attentive car il peut être assez furtif.
Par ailleurs, quand le chien se gratte, on pense fréquemment qu’il a des puces.
En fait, lorsqu’il le fait dans un contexte bien précis, il exprime un stress ; il s’agit là encore d’un signal d’apaisement.
Dans ces deux exemples, il est important d’observer ce qui a déclenché un tel comportement et de chercher à connaître la raison.
Accroupi sur les antérieurs, postérieur relevé avec la queue battante, notre loulou est très excité à l’idée de jouer avec vous ou avec ses copains.
Aussi pouvez-vous adopter cette attitude avec lui, il vous comprendra à coup sûr !
Je suis très fâché, ne m’approche pas.
D’autre part, le chien manifeste sa colère en adoptant une posture haute, oreilles en arrière, queue dressée, babines relevées sur des crocs menaçants.
Il faut donc être vigilant et éviter d’insister si vous êtes témoin de ce comportement car le stade suivant est la morsure.
Une éponge
Le chien éprouve non seulement des émotions mais il ressent les nôtres.
Il est même capable de différencier les émotions.
En effet, selon une étude réalisée à l’Université de Goldsmiths à Londres par un groupe de psychologues, les chiens sont capables de distinguer les pleurs parmi d’autres états d’humeur.
Ils essaient également de consoler la personne, qu’il s’agisse de leur humain d’attachement ou de quelqu’un d’autre.
Finalement leur capacité d’empathie dépasse de beaucoup celle de certains de nos congénères !
Votre compagnon canin ressent vos émotions, il est par conséquent primordial de tenir compte de votre état émotionnel lorsque vous éduquez votre chien.
La suite au prochain épisode !
Christine Malenfant éducateur canin comportementaliste canin et félin
à ceux qui savent écouter.
Amour d’animaux vous dit à bientôt !
