A l’ère du numérique, l’accès à l’information sur les méthodes d’éducation canine est à portée de clic.
Sur Internet, une myriade de méthodes et de techniques sont disponibles, chacune vantant ses propres mérites.
Cette abondance de ressources offre des avantages indéniables en permettant aux propriétaires de chiens de trouver des solutions à leurs défis éducatifs.
Mais elle peut également semer la confusion et conduire à des choix peu judicieux.
Dans cet article, j’explorerai la méthode traditionnelle et la méthode positive, tout en soulignant leurs avantages et leurs inconvénients.
En naviguant à travers ce paysage éducatif, vous vous ferez une petite idée de l’intérêt de l’une ou de l’autre.
Méthode d’éducation canine traditionnelle
Son origine remonte à plusieurs décennies, voire à des siècles dans certaines cultures.
Elle a souvent été influencée par les pratiques de dressage militaire et de travail.
Pour obtenir des comportements souhaités chez le chien, cette méthode repose d’ordinaire sur l’utilisation :
- de la contrainte physique
- de la punition physique et psychologique
- de la domination du propriétaire sur son chien
L’emploi de colliers étrangleurs (1), colliers électriques (appelés dorénavant vibrants, psychologiquement ça ne fait pas peur…), colliers à pointes dits colliers Torquatus, cris, gestes brusques fait partie du lot de cette technique.
Ces outils de dressage sont controversés, et pour de bonnes raisons.
Voici quelques-uns des graves inconvénients qu’ils présentent pour le chien :
- Douleur et traumatisme : les colliers étrangleurs, électriques et à pointes sont conçus pour causer de la douleur ou de l’inconfort au chien lorsqu’il fait quelque chose de désapprouvé par le propriétaire. Ils peuvent causer des blessures physiques mais aussi des traumatismes psychologiques car le chien associe la douleur à des actions arbitraires.
- Problèmes de comportement : plutôt que de résoudre les problèmes de comportement sous-jacents, ces colliers aggravent les choses. Un chien est capable de devenir craintif, agressif ou anxieux en raison de l’association de la douleur avec certaines actions, ce qui peut entraîner des problèmes de comportement plus graves à long terme.
- Détérioration du lien entre le propriétaire et le chien : l’utilisation de ces colliers altèrent la relation de confiance et de respect entre le chien et son gardien. Le chien est susceptible de commencer à craindre l’humain plutôt que de le voir comme un leader bienveillant.
- Confusion et stress : le chien éprouve de la confusion quant à ce qui déclenche la douleur ou l’inconfort. Cela peut entraîner un stress constant pour le chien car il essaie de comprendre ce qu’il doit faire pour éviter la punition.
- Risques de blessures physiques : les colliers étrangleurs et à pointes sont capables de causer des blessures physiques telles que des abrasions, des coupures et même des dommages à la trachée ou à d’autres parties du corps s’ils sont utilisés de manière incorrecte ou excessive.
- Effet sur le comportement social : le chien qui est habitué à la douleur ou à l’inconfort peut présenter des comportements agressifs envers d’autres chiens ou personnes, ce qui risque de compromettre sa sécurité et celle des autres.
En fin de compte, l’utilisation de ces colliers coercitifs est à même d’entraîner des conséquences graves pour le bien-être physique et émotionnel des chiens.
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La méthode d’éducation canine traditionnelle peut donner des résultats rapides dans certaines situations (mais à quel prix ?).
Pour les gardiens qui valorisent le contrôle total sur le comportement de leur chien, elle peut sembler offrir une solution prévisible.
Pour d’autres, elle est importante car elle est ancrée dans des pratiques établies depuis longtemps.
C’est la raison pour laquelle elles ont des difficultés à la remettre en question.
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Cette approche parfois punitive nuit à la relation humain d’attachement – chien en introduisant des éléments de peur et de coercition.
Elle présente une potentialisation du stress ou de l’anxiété chez le chien, ainsi que des résultats moins durables à long terme.
Pour information, une étude scientifique (2) a démontré que les punitions physiques du chiot étaient associées à une augmentation de 60 % de la probabilité de développer des comportements agressifs vis-à-vis des congénères.
Enfin, cette technique d’éducation peut varier mais elle tend souvent à mettre l’accent sur l’autorité, la discipline et la maîtrise du chien par la personne qui l’éduque.
Bien que le renforcement positif (fondé sur l’encouragement et la récompense des comportements désirés) puisse être utilisé dans le dressage, certaines approches peuvent également faire appel à des méthodes de contrainte et de correction.
Méthode d’éducation canine positive
Heureusement, des méthodes d’éducation canine positives, basées sur la récompense et le renforcement positif, sont généralement considérées comme beaucoup plus efficaces et respectueuses du bien-être animal.
La méthode d’entraînement positive ou bienveillante est relativement récente.
En effet, elle a émergé à la fin du 20ème siècle et s’est développée au début du 21ème siècle.
La figure centrale à l’origine de cette méthode est assurément l’étasunienne Karen Pryor (3).
Celle-ci est une pionnière dans l’application des principes du conditionnement opérant (les comportements qui sont récompensés ont tendance à être répétés, tandis que ceux qui ne le sont pas ont tendance à s’éteindre) et du renforcement positif dans le domaine de l’éducation canine.
Ainsi, l’éducation positive, étayée par la recherche, se démarque des méthodes traditionnelles punitives grâce à son efficacité et ses avantages.
On favorise les friandises, jouets et louanges pour encourager les bons comportements, tout en ignorant ou redirigeant les comportements inappropriés.
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L’éducation bienveillante favorise une relation solide fondée sur la confiance entre le chien et son humain d’attachement.
Elle réduit le stress et l’anxiété du loulou et favorise un apprentissage plus efficace.
De plus, elle tient compte de son état émotionnel, ainsi que celui de son humain d’attachement.
Par ailleurs, cette pédagogie encourage le chien à penser par lui-même et à proposer des comportements adéquats.
L’accent est mis sur le respect du bien-être canin et l’encouragement de son autonomie et de sa pensée critique.
En bref, elle favorise une approche coopérative où le chien est considéré comme un partenaire actif dans le processus d’apprentissage.
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Cette approche demande parfois plus de temps pour obtenir des progrès, surtout avec des comportements complexes.
Par ailleurs, l’éducation positive nécessite une cohérence, une régularité et une patience de la part de l’être humain.
D’aucuns l’estiment permissive.
Que nenni ! Cette méthode pose un cadre à l’animal et à l’humain.
Enfin, son approche repose sur la conviction que chaque chien possède des caractéristiques uniques et nécessite une adaptation spécifique à sa personnalité et à ses besoins.
On nous appelle ironiquement « Les Bisounours ».
Nous sommes des optimistes
Audrey Ventura
Coach en comportement
Le chien, cet animal qui nous échappe
En résumé
La méthode traditionnelle fournit parfois des résultats rapides.
En revanche, elle présente des effets néfastes sur le bien-être et la relation entre le chien et son humain parce qu’elle est fondée sur des pratiques notamment cruelles.
L’éducation positive, quant à elle, nécessite plus de temps et d’engagement mais elle favorise un lien sain et durable.
En outre, elle réduit le stress en encourageant la satisfaction émotionnelle du loulou.
Chaque chien est singulier, donc différentes méthodes peuvent être plus efficaces selon sa personnalité, son histoire, ses besoins et ses préférences.
L’essentiel est de choisir une méthode qui respecte le bien-être du chien, adaptée à ses besoins et renforçant la relation entre le chien et la personne.
(1) A ce jour, le Sénat ne s’est toujours pas prononcé sur la proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale en janvier 2023
(2) Wormald, D. ; Lawrence, A.J. ; Carter, G. ; Fisher, A.D. Analysis of correlations between early social exposure and reported aggression in the dog. Journal of Veterinary Behaviour Volume 15 September-October 2016
(3) Don’t shoot the dog. The new art of teaching and training (1984)
Christine Malenfant éducateur canin comportementaliste canin et félin