Parler du deuil chez nos compagnons à quatre pattes, c’est tout un sujet !
Chacun d’entre nous, ainsi que nos animaux, a déjà perdu un ami cher.
Il est crucial de comprendre le deuil chez nos loulous et matous et d’observer leurs comportements pour mieux les accompagner.
À la fin de cet article, nous aborderons également quelques pistes pour accompagner les humains qui traversent la perte d’un animal de compagnie.
Nos animaux de compagnie comprennent-ils la notion de mort ?
Alors que nous, humains, avons une conscience aiguë de notre mortalité, qu’en est-il des chats et des chiens ?
Le chat, par exemple, semble assez détaché de la mort.
Pour lui, c’est juste une partie du cycle naturel : il rencontre la mort de ses proies sans émotion particulière, sinon la satisfaction d’avoir chassé et mangé.
Lorsqu’un chat découvre un cadavre, qu’il s’agisse d’un autre animal ou d’un humain, il l’explore souvent sans réaction marquée, puis s’en éloigne comme si cela n’avait guère d’importance.
En revanche, lorsqu’il perd un compagnon qu’il a vraiment apprécié, des signes de deuil deviennent visibles.
Ainsi pourrait-on en déduire que, pour nos amis à quatre pattes, l’attachement peut rendre la perte significative.
Comment le deuil se manifeste-t-il chez le chat ?
Le chat, tout comme nous, ressent la perte d’un être cher.
La mort, bien qu’elle ne le touche pas de la même manière que nous, entraîne tout de même une réaction de deuil.
Pour un chat, ce processus est plus simple qu’il ne l’est pour les humains, mais il n’en est pas moins significatif.
Il se traduit par :
- Une désorientation
- Une perte d’habitudes, de repères et de routines apaisantes
- Un manque général
- Un stress, avec toutes les réactions physiques qui l’accompagnent
Cette réaction émotionnelle pousse le chat à s’adapter en passant par une phase d’inhibition, suivie d’une phase de reconstruction de ses routines habituelles.
Un chat en deuil n’est pas vraiment dans son état normal : il peut devenir craintif, triste, irritable, ou manifester tous ces sentiments à la fois ou successivement.
Enfin, si un chat cesse de manger après la perte d’un compagnon, il peut souffrir de détresse sévère, voire en mourir.
Le chat et le deuil: stratégies pour alléger son mal-être et améliorer son bien-être
Une fois la phase d’inhibition terminée, on observe chez le chat :
- Une reconstruction active de ses routines et repères apaisants
- Un rééquilibrage des phéromones d’apaisement et de ses relations sociales
Le chat développe alors de nouvelles relations d’attachement avec un autre être ou avec un objet ou un lieu qui lui semble réconfortant.
IMPORTANT ! Tout comme le chien, le chat réagit également au deuil lorsqu’il perd un lieu de vie auquel il était attaché.
Le chien a-t-il le sens de la mort ?
C’est une question légitime, surtout lorsqu’on voit un chien se rendre sur la tombe de son ami humain ou mourir de chagrin.
Malgré ces comportements, il est probable que le chien ne comprend pas vraiment ce qu’est la mort.
Ce qu’il peut saisir, en revanche, c’est qu’un proche est malade ou immobile, donc anormal.
Même pour nous, il est difficile d’accepter qu’un être cher ne reviendra pas.
Un chien qui nous voit partir n’a pas la certitude de notre retour.
Il se fie simplement au fait que, dans le passé, chaque fois que nous sommes partis, nous sommes revenus.
Étant parmi les plus sociables des espèces, nos loulous sont manifestement inquiets dans ces moments difficiles de deuil.
Le chien : des sentiments et des émotions loin des idées reçues
Il serait étonnant que le chien soit dépourvu d’émotions et de sentiments étant donné qu’il partage avec nous le même système hormonal.
D’autres espèces sociales, comme les loups, montrent aussi une tristesse évidente lorsqu’ils perdent leur partenaire.
Nos amis à quatre pattes sont aussi touchés par la perte d’un compagnon
Une étude scientifique révèle que les chiens ne restent pas indifférents face au décès de leurs congénères.
Ils peuvent montrer une perte d’appétit, une diminution de l’envie de jouer, ou un besoin accru d’attention après la perte d’un compagnon proche.
Des signes de deuil ont déjà été observés chez d’autres espèces, comme les grands singes ou les baleines, mais les preuves chez les chiens étaient jusqu’à présent limitées.
Toutefois, une mère dingo (chien sauvage australien) a été observée transportant son petit mort d’un endroit à un autre.
Et des loups en liberté ont été observés enterrant des louveteaux décédés.
On a déjà remarqué par le passé des signes de deuil chez d’autres espèces, comme les grands singes ou les baleines.
Un changement de comportement à la mort d’un ami de la même espèce
Pour les animaux domestiques, seules des observations anecdotiques existaient, avec le risque d’anthropomorphisme ou d’exagération.
La nouvelle étude, publiée dans la revue Scientific Reports, a interrogé plus de 426 adultes italiens possédant au moins deux chiens, dont l’un était mort et l’autre resté en vie.
Un changement négatif était noté par 86% des personnes, dont un quart affirmait qu’il avait duré plus de six mois.
Ces nouveaux comportements incluaient :
- un plus grand besoin d’attention (67%)
- une moindre propension à vouloir jouer (57%)
- une activité globalement réduite (46%)
Le survivant à son compagnon dormait également davantage, devenait plus craintif, mangeait moins et aboyait ou gémissait davantage.
Quant au chat, une étude récente (2024, Applied Animal Behaviour Science) révèle qu’ils peuvent manifester des comportements similaires au deuil après la perte d’un compagnon animal au sein du même foyer !
Un chagrin qui dépend de la relation avec l’autre animal
Selon les chercheurs, le deuil était surtout déterminé par la qualité de la relation entre les deux animaux et non par leur durée de vie en commun.
La tristesse de la personne apparaissait également jouer un rôle important, suggérant que le chien pouvait aussi être affecté par l’émotion ressentie par son humain.
“Il s’agit potentiellement d’une question de bien-être ayant été négligée par le passé” a conclu l’étude, selon laquelle une meilleure compréhension des comportements animaux est la clé pour répondre à leurs besoins.
Ainsi la mort d’un être d’attachement peut endeuiller nos amis à quatre pattes.
Qu’en est-il pour nous ?
Le deuil animalier
Perdre son animal favori est une lourde épreuve.
Nous étions attachés à lui comme à un véritable ami qui a partagé une partie de notre vie.
Ce n’est pas tant sa mort qui importe mais ce que l’on perd lorsqu’il meurt qui nous met en détresse.
La tristesse nous envahit, nous submerge parfois et la déprime nous guette.
Or nous sommes inégaux face à cette séparation définitive.
D’après Miguel de Cerventès, “il faut donner du temps au temps”.
Toutefois le temps est une notion relative.
Il est vécu différemment selon les personnes.
Pour l’un, faire son deuil durera 3 mois, pour l’autre 1 an, voire plus.
Par ailleurs, certains auront du mal ou seront incapables d’accompagner leur animal chez le vétérinaire pour l’euthanasie.
Je parle en connaissance de cause.
Quand j’ai emmené mon premier chat chez le vétérinaire, j’ai seulement assisté à l’anesthésie. L’euthanasie m’était insupportable, je suis partie en pleurant.
Je déplore les jugements hâtifs envers ceux qui réagissent comme moi.
Chacun fait comme il peut.
Il est parfois des morts animalières qui résonnent, qui font écho à d’autres pertes, ce qui les rend d’autant plus difficiles.
Si j’avais connu Irène Combres à cette époque funeste, sans doute me serais-je sentie moins incomprise*.
La société évolue
Certaines entreprises accordent à leurs salariés un congé patte-ternité qui permet à ces derniers qui sont endeuillés de disposer d’un temps de repos.
Conclusion
Dans notre société occidentale, la mort est encore un sujet tabou tant pour les humains que pour les animaux.
Pourtant Jean D’Ormesson a déclaré : “Il n’y a rien de plus intéressant que la vie et la mort fait partie de la vie”.
Nos animaux ne se questionnent pas mais ils ressentent des émotions que nous devons respecter et considérer.
Depuis la parution de cet article, le Dr Marie Cibot, vétérinaire, a créé Solâme et en parle en ces termes :
“Solâme est née de la volonté de sublimer les liens unissant un animal à sa famille pour l’accompagner au crépuscule de sa vie, dans le respect des êtres et des âmes”.
*Seulement 20 % des personnes ayant perdu un animal se sont senties bien accompagnées.
La prochaine fois, et puisque ce sera la période des vacances souvent synonyme de voyages, j’aborderai le rôle du chien dans différents pays.
Christine Malenfant éducateur canin comportementaliste canin et félin
Lorsque j’ai perdu ma Maman, j’ai amené ma puce dans la chambre funéraire. Elle adorait ma Maman. Dès qu’elle est entrée dans la chambre elle savait. Je l’ai prise sur mes genoux juste à côté du “lit” sur lequel reposait Maman, ma puce s’est mise à lui parler comme elle le pouvait. Elle aurait adoré lui faire des bisous (elle l’a fait avant la mise en bière). Elle avait parfaitement compris !
Puis ensuite, j’ai perdu ma puce. Récemment. Le deuil d’un compagnon de plus de 13 ans est difficile. Elle était tout pour moi. Elle était mon bébé, ma joie de vivre. Elle me donnait tout ! Je l’ai accompagnée contre un cancer du poumon pendant presque 18 mois. Ma décision a été immédiate lorsque mon vétérinaire m’a annoncé qu’elle était en souffrance. Je l’ai assistée en douceur jusqu’à l’arrêt de son cœur. Je me suis retrouvée dans la voiture avec la laisse et le harnais vide je pleurais toutes les larmes de mon corps. Leur mort est très douloureuse, et oui il faut du temps.
Merci pour votre émouvant témoignage qui illustre très bien notre difficulté à accepter parfois la mort de notre animal de compagnie.