Parler de maltraitance animale au mois de décembre ? Quelle idée…
Désolée de jouer les rabat-joie mais je pense qu’il est important de vous parler d’un sujet rarement abordé, surtout si vous envisagez d’adopter un chien ou un chat en cette période.
Promis, en janvier, on reviendra à des thèmes plus joyeux !
Frapper, hurler, effrayer, insulter, secouer par la peau du cou… La liste est longue et déprimante.
On a tous une idée assez claire de ce qu’est la maltraitance animale, souvent associée à la violence physique ou psychologique.
Mais attention, c’est une erreur !
La maltraitance commence bien avant les coups et est beaucoup plus courante qu’on ne le pense.
Quand nous ne répondons pas aux besoins naturels et spécifiques de l’espèce avec laquelle nous partageons notre vie, nous les maltraitons.
Et nos chiens en sont souvent les premières victimes.
Idée reçue
Frapper, hurler, effrayer, insulter, secouer par la peau du cou… et bien pire encore !
Nous avons tous une idée précise de ce qu’est la maltraitance envers les animaux.
Nous pensons souvent que la maltraitance se résume à la violence physique ou psychologique.
Mais ce n’est pas seulement ça.
La maltraitance commence bien avant les coups et elle est beaucoup plus courante qu’on ne le pense.
Quand nous ne répondons pas aux besoins éthologiques de l’espèce avec laquelle nous vivons, nous sommes maltraitants.
Et nos chiens et nos chats en sont les premières victimes.
Exemples de maltraitance passive ou involontaire
Ce voisin, dont le chien est toujours confiné derrière les grilles du portail et dont la seule activité est d’aboyer après les passants, est maltraitant.
Il en va de même pour le chien qui aboie toute la journée, que ses humains soient présents ou non.
Ou encore pour la vieille dame du bout de la rue qui promène son Yorkshire sans jamais lui laisser renifler les traces d’urine et les déjections des autres chiens « parce que c’est sale ».
Celui qui tient son chien constamment en laisse courte, parce qu’un chien doit s’adapter au rythme de son “maître” et marcher au pied, sans jamais explorer son environnement, est également fautif.
Et puis il y a la personne qui choisit un Malinois parce qu’il est beau, vif, intelligent et obéissant mais qui ne le sort que vingt minutes par jour après le travail.
On peut ainsi extrapoler sans fin à d’autres espèces.
Mais que vient faire ici le poisson rouge ?
Avez-vous déjà pensé que pour le poisson rouge qui tourne en rond dans son bocal, c’est un peu comme être coincé éternellement sur un carrousel ?
Oui, même un “simple” poisson rouge a ses besoins éthologiques :
- Vivre en groupe (oui, il a des potes)
- Nager dans un environnement vaste et plein de cachettes (un peu d’intimité, quoi)
- Chercher sa nourriture (parce que le room service, ça va cinq minutes)
Être réduit à un accessoire de déco d’intérieur, ce n’est pas vraiment son rêve.
Chaque espèce a ses propres besoins, et même votre poisson rouge mérite mieux qu’un manège aquatique sans fin.
Et le chat alors ?
On entend trop souvent des affirmations telles que « un chat, ça se débrouille très bien tout seul ».
Mais enfermer un chat dans un environnement inadapté, c’est déjà une forme de violence.
Le laisser seul dans un appartement sans stimulation pendant plus de 9 heures par jour, c’est pas l’éclate non plus.
Et n’oublions pas : le prendre sans cesse dans les bras, le couvrir de caresses qu’il n’a pas demandées ou le forcer à cohabiter avec une tribu de félins, ce n’est pas vraiment top pour lui.
Partir en vacances en laissant son chat à la rue, en pensant qu’il va se débrouiller, sans prévoir quelqu’un pour le nourrir et le rassurer, c’est de la maltraitance passive.
En gros, un vrai manque d’engagement envers votre compagnon poilu.
Fumer en présence d’un chien ou d’un chat
Les chats seraient davantage exposés aux dangers du tabac car lorsqu’ils se lèchent pour faire leur toilette, les félins ingèreraient en plus des particules de tabac.
En effet, quand l’animal se couche sur le tapis, le canapé, ou les vêtements d’un fumeur, il collecte des résidus de fumée de cigarette dans sa fourrure (Les animaux : victimes du tabagisme passif, publication sur ma page Facebook et mon compte Instagram, 8 octobre 2021).
Quelques autres mauvais traitements passifs
- Erreur dans le choix d’une race. Pourquoi ? Parce que certaines races ne sont pas adaptées pour vivre en appartement. C’est le cas des Husky, Border Collie, Berger australien.
- Tenir un Chihuahua dans les bras, c’est faire fi de ses besoins de se dépenser (Chien sac à main, c’est ainsi qu’il est surnommé, publication sur ma page Facebook et mon compte Instagram, 7 octobre 2021).
- La cage : enfermer son chien dans une cage : bonne ou mauvaise idée ? Je dédie un article à ce sujet particulier (janvier 2023).
- L’anthropomorphisme ou le déni du chien : projeter sur le chien ses propres besoins ou ses propres pensées est maltraitant, comme attendre de lui des particularités qui nous accommodent.
Certains humains voudraient que leur chien se comporte comme leur enfant, ce qui est impossible et destructeur.
Il faut savoir que l’anthropomorphisme diminue l’espérance de vie du chien, il accélère la sénilité et la sénescence.
- La marche en laisse : savez-vous que la vitesse de croisière du chien est le trot, soit 15 km/h pour 3 à 5 km/h pour l’humain.
La marche en laisse devient donc une frustration.
Imaginez que l’on vous demande de parcourir plusieurs kilomètres à pied en tenant la main d’un enfant de deux ans !
Votre chien ne se fatigue pas assez.
Le promener en longe d’une longueur de 5 à 10 m est un compromis acceptable.
Et encore
- La nourriture industrielle : pour un carnivore, la très mauvaise digestibilité des céréales contenues dans les aliments industriels entraîne un long temps de digestion et crée une demande énergétique intense de la part de l’organisme.
Souffrant d’un système digestif surchargé, les animaux nourris au pet food dorment souvent et nombre d’entre eux sont gras, mous et apathiques.
En étant si accablés, les chiens et les chats perdent leurs motivations en vivant coupés de leur environnement.
- L’ennui : un chien n’est pas fait pour s’ennuyer toute la journée, pour passer sa vie dans un jardin, pour avoir comme seule occupation quotidienne de gober une gamelle de croquettes en dix secondes, pour servir de défouloir affectif, pour se promener uniquement en laisse courte sans jamais être libre de ses mouvements.
Pour finir
Un chien est un compagnon de vie.
Il n’est pas un faire-valoir ni la touche finale d’un joli petit tableau familial, ou encore une source de motivation pour faire son footing, une alarme pour faire fuir les cambrioleurs.
Il est avant tout un animal avec des besoins complexes.
Les maltraitances involontaires ont pour conséquence notamment :
- des problèmes de peau
- des troubles du comportement tels que les aboiements intempestifs, l’agressivité, la dépression, la destruction.
Le Docteur vétérinaire Thierry Bedossa a déclaré lors d’une émission radiophonique :
« La considération des animaux a énormément augmenté, en tout cas dans les discours, dans les faits, ça n’est pas le cas… » (Enfants et animaux : copains comme cochons, France Inter, Barbatruc, 6 novembre 2021).
Faisons alors en sorte de respecter les besoins fondamentaux de nos animaux domestiques, ils seront en meilleure santé et mieux aimés.
Dans un prochain article, j’évoquerai le jeu.
En attendant, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année en compagnie de votre animal préféré !
Christine Malenfant éducateur canin comportementaliste canin et félin
Christine j’ai trouvé ton article très intéressant. Ta reconversion est passionnante. Merci pour toutes les informations nouvelles.
Merci pour tes compliments qui me vont droit au coeur. Dommage que tu sois si loin mais je consulte également en visio uniquement pour les troubles du comportement, avis à la population !
Merci Christine.
Si certaines choses paraissent évidentes en les lisant, ça interroge car nous n’y pensons pas forcément spontanément.
Cela nous rendra meilleur coloc pour nos (amour d’) animaux.
Merci à vous Francine. Je suis heureuse d’avoir pu vous éclairer.
Grand Merci pour cet article !
Il force la réflexion du positionnement de l’humain par rapport aux animaux.
L’empathie est effectivement la qualité principale à cultiver face à nos amours d’animaux !
Merci encore pour ton éclairage..
Je suis très flattée et ton commentaire m’encourage dans mes recherches et réflexions. 1000 mercis.